Lacs et Montagnes

Le Tadjikistan compte quelque 1450 lacs, dont certains se trouvent à plus de quatre mille mètres d’altitude. Le pays est riche de lacs merveilleux d’origine différente. Le plus grand, salé et fermé, est celui de Karakul, situé au Sud de la chaîne de Zaalay à 3914 mètres d’altitude dans la Haute Région autonome de Gorno Badakhshan. Il a une profondeur maximale de 236 mètres. On pense qu’il a été formé à l’âge de glace et son fond est en pergélisol. Karakul, en langue turque, signifie « Lac noir ». Des vagues se forment par grand vent et ses eaux prennent une teinte noire, d’où son nom. D’après certaines théories, la cuvette lacustre s’est fortement modifiée pendant les glaciations et il a une origine tectonique.

Cependant, des études géologiques menées ces dernières années ainsi qu’un examen des images satellites ont permis à certains scientifiques de conclure que le lac Karakul est né à la suite de la chute d’une météorite, il y a environ 25 millions d’années. Le cratère qui s’est formé au point d’impact a un diamètre de 45 kilomètres. Ce lac se distingue aussi par l’importante superficie de la couche de glace, dont l’origine n’est pas scientifiquement déterminée, présente sur ses berges ainsi que son fond. En bref, la glace fond et des chutes d’eau, des canaux, des petits lacs se forment et des îlets se séparent de la côte. Ainsi, la surface du lac se modifie continuellement.

Le Lac Sarez est l’un des plus beaux et des plus mystérieux. On appelle ce joyau du Pamir « le Dragon endormi ». À l’hiver 1911, un terrible glissement de terrain qui s’est produit dans le sud-est du Tadjikistan a totalement obstrué la vallée de la rivière Bartang (Murgab), un affluent de l’Amou-Daria. Le barrage naturel résultant du tremblement de terre a été appelé Usoy, du nom d’un village qui a été enseveli sous des tonnes de rochers qui forment le plus important barrage du monde (567 mètres de haut, 2,2 km² de surface). Un gigantesque lac a commencé à se former en amont de cette retenue qui a submergé en 1911 le village de Sarez. C’est ce nom qui a ensuite été donné à ce nouveau lac, long de 60 km et profond d’environ 500 mètres. Ses eaux bleu-gris sont plutôt froides, mais la présence de plages et de criques permettent de s’y baigner facilement en été.

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Lac sarez
Sarez
Lac sarez

Le cœur des monts Fan, le joyau du Tien Shan, c’est le pittoresque lac Iskanderkul. Il a une forme triangulaire, une surface de 3,5 km² et une profondeur de soixante-dix mètres. C’est là que la tumultueuse rivière Iskander-Daria prend naissance en une remarquable et majestueuse cascade de 38 mètres appelée « Fanskaya Niagara » (Niagara du Fan). Il est entouré de cimes enneigées, aux pentes parfois abruptes. De nombreuses légendes lui sont associées. L’une d’elle remonte à l’époque où Alexandre le Grand traversait les monts Fan avec son armée. Lors d’une halte, son cheval favori, Bucéphale, s’est noyé dans le lac, qui porte justement le nom du plus grand conquérant de l’antiquité –Alexandre se dit Iskander en Asie centrale. Une autre raconte qu’Alexandre cherchait à envahir les riches plaines de la Sogdiane, l’État qui se trouvait alors en ces lieux. Cependant les montagnards épris de liberté refusaient de se soumettre et ils harcelaient constamment l’armée ennemie par des attaques soudaines. Alexandre, furieux, ordonna de bloquer la rivière que bordait la principale ville des Sogdiens, formant ainsi un lac qui engloutit pour de bon le château et ses vaillants défenseurs.

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Sept lacs

Sur un petit territoire, au milieu d’un magnifique paysage montagneux, aux pieds des cimes enneigées, au milieu de forêts vert émeraude, on trouve de nombreux lacs aux eaux iridescentes, du vert délicat au violet sombre. Il y en a trente, tous différents par leurs caractéristiques et leur taille avec une eau froide et transparente provenant des champs enneigés des pics merveilleux. Un petit lac situé non loin d’Iskanderkul s’appelle Zamin Mulla ou Zmeini (lac aux serpents) parce que ses eaux abritent un grand nombre de ces animaux. Le Kulikalon est le deuxième plus gros lac des monts Fan. En russe, on l’appelle « Bolshoyé Ozéro » (Grand Lac). Il est situé dans la partie méridionale du bassin du Kulikalon à une altitude de 2800 mètres.

Il existe plusieurs systèmes de lacs morainiques dans le bassin du Kulikalon. Les lacs de Dyouchakh, qui culminent à 3000 mètres, sont les plus hauts. En bas d’une vieille paroi morainique, un chemin débouche sur le lac Bibi-Jonaat qui s’étend tout en longueur au milieu d’une forêt. Un peu plus bas, le Bibi-Jonaat déverse ses eaux dans le lac Kulisiyokh (le Lac noir), aux rives couvertes de fourrés impénétrables et aux eaux sombres et mystérieuses. On distingue trois lacs différents dans la gorge de Chukurak : Chukurak, Beli (blanc) et Ziyorat. Ceux d’Alauddin (Chapdara) sont considérés comme les plus beaux. Ils font partie du système de la rivière Pasrud. Bleu marine ou turquoise, ces lacs charment par leurs couleurs chatoyantes et leur beauté virginale.

Quand on remonte le cours de la rivière Arg, le pacifique lac Ankatad attire le regard. Ses berges sont couvertes d’une végétation abondante. Le lac se tapit dans l’ombre sombre des arbres qui poussent dans ses eaux. Le Lac Maly Allo s’étend sur la rive droite de la rivière Zindon. Bleu ciel et parfois vert émeraude, Il est niché entre des bosquets de bouleaux, de saules et d’argousiers. Quelques genévriers et un sol caillouteux qui se transforme en désert de neige et de glace bordent le nouveau lac Bolshoïé Allo qui se forme en amont d’un barrage.

Iskandarkul
Iskanderkul
Alaudin lake_Fann mountains
Lacs d'Alauddin
Alaudin lake (2)
Montagnes de Fann

Les monts Fan, qui attirent les voyageurs non seulement par la beauté de la nature mais aussi par la diversité des conditions naturelles, une faune et une flore abondante, sont parsemés de lacs magnifiques. On y compte des centaines de sommets situés sur la chaine des monts Hissar et du Turkestan au sud-ouest du Pamir-Alaï. Plus de dix d’entre eux culminent à plus de 5000 mètres et ont des parois qui dépassent les 1800 mètres. On peut citer le Bodkhon (5138 m), l’Énerguïa (5105 m), le Zamok (5070 m) et le Tchapdara (5050 m). Le pic Tchimtarga est le plus haut de la région (5487 m).

La chaine du Turkestan, l’une des principales régions du Pamir-Alaï, est encore peu connue. Cette région mystérieuse, sauvage et presque inexplorée en raison de son étendue et de son inaccessibilité compte de nombreuses parois et de cimes qui n’ont jamais été conquises.

La région d’Ak-Su se distingue par la beauté de sa nature sauvage ainsi que ses gorges et ses canyons pittoresques. Elle se situe à environ 120 km au Sud de la ville de Khudjand. La plupart des sommets culminent à plus de 5000 m : Ak-Su (5355 m), Block (5239 m), Iskander (5120 m) et autres. Il s’agit de montagnes en granit compact parsemées de quelques petits « crochets » et fentes et avec des parois de 1500 m et plus.

Pamir

Le Pamir est une chaine de montagne située presque au centre du continent asiatique, là où les plus grands systèmes montagneux convergent : le Tien Shan, l’Hindou Kouch, le Kunlin et le Karakorum. En farsi, Pamir signifie « le toit du monde ». C’est ici, au paradis de l’alpinisme de haute montagne, que deux sommets de plus de 7000 mètres s’élèvent majestueusement jusqu’au ciel : le Pic Communisme (7495 m) et le pic Evguenia Korjenevskaya (7105 m).

Presque toutes les montagnes du Pamir occidental sont orientées latitudinalement : le Vanjski (5584 m), le Yazgulemski (pic Révolution, 6974 m), le Roushanski (environ 6000-6100 m) et le Shugnanski (5704 m). D’autres montagnes sont orientées vers le sud : le pic Ismoili Somoni (7495 m), l’Akademiya Nauk, Ishkashimski, etc. On y trouve aussi les glaciers les plus longs et les plus imposants de l’Asie centrale : Fedchenko (651,7 km² de superficie et 77 km de long), le Grumm-Grjimaïlo (142,9 km²), le Garmo (114,6 km²), où prennent naissance les rivières Piandj, Gund, Shahdara, Bartang, Yazgulem et Vandj qui alimentent en eau toute l’Asie centrale.

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Pamir
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Pamir

Un grand désert montagneux s’étend des pentes méridionales du Zaalaï au nord jusqu’aux rives de la rivière Pyandj au sud. C’est le Pamir oriental, une région qui connait un hiver long et rigoureux, avec une atmosphère moins riche en oxygène, un air froid et sec et un ciel clair. Ici, à une altitude comprise entre 3500 et 4200 mètres au-dessus du niveau de la mer s’étendent les vallées et les bassins lacustres du Pamir oriental : Alisher, Murghab, Rangkul, etc. Après le Tibet, c’est plus deuxième plus haut plateau du monde. La température minimale à Murghab atteint – 47° C et à Karakul – 50° C ; l’été est court et froid. La température moyenne au mois de juillet est de 13-14° C.